Après quatre jours d’épreuves et d’échanges, le Yacht Club de Monaco clôture la 12e édition du Monaco Energy Boat Challenge. Organisé avec le soutien de la Fondation Prince Albert II, d’UBS, de BMW et de SBM Offshore, cet événement s’impose comme le rendez-vous incontournable pour imaginer et tester les dernières évolutions en matière de propulsion. Des acteurs majeurs de l’industrie et de jeunes ingénieurs y ont croisé leurs expertises pour faire progresser la transition énergétique du secteur. Cette année encore, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, président du Y.C.M., est venu à la rencontre des étudiants pour découvrir les dernières avancées et donner le coup d’envoi de la finale du championnat, dans une ambiance survoltée. « Les technologies avancent, les idées aussi, mais nous devons accélérer. Nous avons tous un rôle à jouer : les institutions, les industriels, les armateurs… Il est temps de passer des intentions aux actes » évoque Bernard d’Alessandri, Secrétaire Général du Yacht Club de Monaco.
Parmi les équipes en lice, plusieurs ont une nouvelle fois repoussé les limites technologiques, notamment dans la catégorie Energy Class qui réunissait 20 unités. En seulement quatre ans, la capacité de stockage des batteries a presque doublé à poids équivalent, tout en gagnant en sécurité, signe tangible des progrès réalisés. Le Monaco Energy Boat Challenge franchit également un cap en matière de participation, avec un nombre croissant de bateaux en compétition et une implication renforcée de l’industrie. Autre évolution marquante : l’introduction d’une nouvelle catégorie IA dédiée aux bateaux autonomes. Inspirée des technologies issues du secteur des drones, cette classe met en avant des unités capables de manœuvrer, de s’amarrer ou d’accomplir des missions de manière totalement autonome, grâce à des systèmes intégrant capteurs et intelligence artificielle. Cette innovation prometteuse vise à faire progresser l’ensemble du secteur en facilitant l’adoption de nouvelles technologies. Du côté des systèmes de propulsion, les moteurs à combustion fonctionnant à l’hydrogène suscitent un intérêt grandissant. Considérés comme une piste prometteuse pour le rétrofit du yachting existant, ils pourraient constituer une alternative crédible aux motorisations classiques. En parallèle, les piles à combustible, plus légères et désormais plus performantes, poursuivent leur montée en puissance et commencent à rivaliser avec les batteries sur le plan technologique. Parallèlement, des matériaux innovants se développent, comme la fibre de balsa utilisée par plusieurs équipes cette année. « C’est une excellente alternative entre le verre et le carbone, avec de très bonnes performances mécaniques, un impact environnemental limité et un coût très abordable. C’est une vraie piste pour l’industrie maritime à court-moyen terme », souligne Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev et président du comité et du jury. Réparties en quatre catégories, les équipes exploraient les technologies du yachting du futur : • AI Class : unités autonomes pilotées par intelligence artificielle • Energy Class : coques standardisées testant différentes technologies embarquées • SeaLab Class : véritables laboratoires flottants, axés cette année sur les technologies pionnières en matière d’hydrogène • Open Sea Class : prototypes zéro émission certifiés CE d’une longueur maximum de 25 mètres, et pouvant embarquer au moins trois personnes à bord. Sur l’ensemble des projets en lice, 30 bateaux étaient propulsés à l’électricité, 12 utilisaient l’hydrogène et 12 prototypes naviguaient sur foils. Un évènement en Open Source à travers les tech talks, qui se traduit également dans les paddocks, où les Indiens de Sea Sakthi sont venus en aide aux Français de Néréides. À noter que pour la moitié des membres de l’équipe indienne, il s’agissait du tout premier voyage à l’étrange
• L’intelligence artificielle confirme son intégration dans la gestion énergétique des bateaux, notamment à travers des systèmes
capables d’optimiser en temps réel la charge et l’usage des batteries, améliorant ainsi les performances et l’autonomie.
• Les technologies hydrogène continuent de gagner en maturité, avec notamment l’arrivée de solutions de stockage liquide et solide.
• Le développement des hélices toroïdales, capables de réduire de 50 à 80 % le bruit sous-marin, un enjeu crucial pour la faune marine
puisqu’il constitue un véritable danger pour les écosystèmes.
« Les innovations présentées façonnent l’avenir de la conception marine durable. Permettre aux équipes de mesurer et de comprendre
l’empreinte environnementale de leurs navires dès le départ n’est pas seulement utile, c’est essentiel. La réflexion sur le cycle de vie nous
aide à aller au-delà des hypothèses, en veillant à ce que les progrès soient fondés sur des données et à ce que chaque choix de conception
nous rapproche de solutions marines à faible impact » précise Lizzy Howard, Project Manager Marine Futures chez Marineshift360,
impliqué dans le prix de l’éco-conception, remporté cette année par Elettra UniGe – Università di Genova.
Sur l’eau comme à terre, la mobilisation a été à la hauteur des enjeux : YCM E-Boat Rallye, records de vitesse, épreuves d’endurance et de slalom, ont rythmé la semaine. Avec en nouveauté cette année, des épreuves de manœuvrabilité autonomes réalisées grâce à l’intelligence artificielle. Les épreuves en mer ont, mis à l’épreuve la fiabilité et la performance des prototypes développés par les étudiants et les industriels. Côté vitesse pure, le record historique de 48,6 nœuds a été battu par Frauscher Boats (catégorie Open Sea) avec une pointe enregistrée à 49,84 nœuds. Derrière, Vita AX/E (46,28 nœuds) en catégorie Open Sea et Inocel (44,18 nœuds) de la SeaLab Class complètent le podium. Dans la catégorie Energy Class, les Italiens de UniBoAT – University of Bologna Argonauts Team ont atteint une vitesse de 26,63 nœuds, soit bien au-dessus des 20,79 nœuds réalisés par le premier concurrent Energy Class l’an dernier. Ils partagent cette performance avec Elettra UniGe – Università di Genova, qui affiche exactement la même vitesse. Tous deux sont suivis des Croates d’Adria Racing – Association of Applied Technical Sciences (25,92 nœuds). Ces performances, en hausse constante, traduisent la montée en puissance technique des projets et l’implication croissante des écoles, des universités et des industriels.
Symbole de cette transition en marche, Energy Observer occupait cette année un rôle central au Monaco Energy Boat Challenge. Amarré durant toute la semaine dans la YCM Marina, le navire a ouvert ses portes aux participants et au public. Véritable passerelle entre la recherche, l’innovation et les jeunes générations, il permet aux étudiants de découvrir concrètement les technologies qu’ils expérimentent dans les paddocks. Pour beaucoup, c’est l’occasion d’approcher pour la première fois cet ambassadeur emblématique de l’innovation maritime durable. Pour rappel, il s’agit du premier navire autonome en énergie (grâce à un mix solaire, éolien, hydrolien et hydrogène produit à bord) à parcourir les mers du globe depuis 2017. Ce véritable laboratoire flottant a réalisé plus de 68 000 milles nautiques, visité plus de 50 pays et prouvé la fiabilité de technologies zéro émission dans des conditions variées.
À travers le Corporate Mentoring Programme, de grands acteurs du secteur tels que Monaco Marine, SBM Offshore, Sanlorenzo ou encore Azimut | Benetti Group ont accompagné les équipes étudiantes, leur apportant expertise et moyens techniques tout au long de l’année. Le Job Forum a de son côté permis à de jeunes talents de concrétiser leurs ambitions professionnelles avec 90 rencontres réalisées cette année. À titre d’exemple l’équipe de Sea Sakhti a reçu quatre offres d’emplois l’année passée grâce à cette initiative. Le succès de cette 12e édition confirme la singularité de l’événement : « C’est unique au monde dans le maritime. Cette complémentarité entre étudiants, industriels et institutionnels n’existe nulle part ailleurs. On voit même naître des projets pour décliner le concept à l’international. Ce qu’on voulait au départ – connecter les jeunes et les industriels pour accélérer la décarbonation – est en train de prendre forme » note Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev et président du comité et du jury. Des conférences pour penser l’avenir Deux grandes conférences organisées dans le cadre du Challenge ont rassemblé une cinquantaine d’experts internationaux. Accès aux replays : https://energyboatchallenge.com/webtv-mebc/
Deux grandes conférences organisées dans le cadre du Challenge ont rassemblé une cinquantaine d’experts internationaux. Accès aux replays : https://energyboatchallenge.com/webtv-mebc/ • Advanced Yachting Technology Conference : Cette conférence a permis de dresser un état des lieux des leviers concrets pour accélérer la transition écologique : bruit rayonné sous-marin, captage du carbone, hydrogène, IA et cybersécurité ont animé les débats. Le rôle majeur de la navigation de plaisance côtière dans l’impact acoustique a notamment été longuement évoqué. En matière de cybersécurité, la nécessité de cloisonner strictement les réseaux passagers et ceux du navire, y compris les connexions personnelles des équipages, a été identifiée comme essentielle. -> Résumé complet • 6e Conférence Hydrogène & Carburants Alternatifs : Organisée par la Fondation Prince Albert II et la Mission pour la Transition Énergétique, cette conférence a exploré les solutions concrètes de stockage et de ravitaillement en hydrogène, les opportunités offertes par le méthanol pour les super-yachts et le rôle des moteurs bi-carburants. Les solutions technologiques se multiplient, mais leur déploiement passe par une coopération renforcée et des infrastructures adaptées. -> Résumé complet
Dans la continuité de son engagement pour un yachting plus responsable, le SEA Index®, outil de référence créé par le Y.C.M. en collaboration avec UBS, a franchi une nouvelle étape. Après avoir intégré la dimension carbone des super-yachts, l’indice environnemental s’élargit désormais aux enjeux de pollution locale. Deux partenariats majeurs ont ainsi été officialisés lors du Monaco Energy Boat Challenge : d’une part avec AtmoSud, pour prendre en compte les émissions de particules fines (PM) et d’oxydes d’azote (NOx), et d’autre part avec Bureau Veritas, afin de développer un système d’évaluation volontaire du bruit rayonné sous-marin. Ces avancées traduisent une volonté commune de mieux mesurer l’impact global des yachts et d’accompagner l’ensemble de la filière dans la réduction concrète de son empreinte environnementale, tant climatique que locale. Avec cette 12e édition, Monaco confirme son rôle de laboratoire vivant pour l’innovation nautique. Un terrain où se dessinent, au-delà des concepts, des solutions concrètes pour une navigation plus propre et plus responsable. Palmarès 2025 du 12e Monaco Energy Boat Challenge 2025 MEBC Champion : UniBoAT – University of Bologna Argonauts Team – Italie Vainqueur Energy Class : UniBoAT, Vainqueur pour la quatrième fois (2021, 2022, 2023 et 2025) Vainqueur IA Class : UAntwerp Solar Boat Team – University of Antwerp – Belgique Vainqueur SeaLab Class : Red Wave – University of Bologna – Alma Mater Studiorum – Italie Prix de la Fondation Prince Albert II de Monaco -> Le Prince Albert II of Monaco Foundation Sustainable Yachting Technology Award, doté de 25 000 euros, récompense l’équipe dont les solutions se distinguent par leur impact mesurable. Vainqueur : Alma Mater Studiorum-Università di Bologna (Italie). Prix de l’innovation -> UniBoAT – University of Bologna Argonauts Team – Italie Prix du design -> UniBoAT – University of Bologna Argonauts Team – Italie Prix de la communication -> Team Sea Sakthi – Kumaraguru College of Technology – Inde Prix de l’éco-conception -> Elettra UniGe – Università di Genova – Italie Prix Coup de cœur du Jury -> DHAMMA BLUE – Espagne Prix spécial « nouvelle équipe » -> DTU Float Forward – Danmarks Tekniske Universitet – Danemark Prix Speed Record -> Frauscher Boats (catégorie Open Sea) – Autriche SeaLab record des 16 milles nautiques -> Inocel en 30 mn et 09 s. – France E-sport Championship -> BME Solar Boat Team – Budapesti Műszaki és Gazdaságtudományi Egyetem – Hongrie